LE DEUXIÈME COURS D’EAU LE PLUS IMPORTANT D’AFRIQUE DE L’OUEST
Le fleuve Sénégal est, après le Niger, le deuxième cours d’eau le plus important d’Afrique de l’Ouest. Il est long de 1800 km et son bassin (cf. figure 1) couvre une superficie d’environ 300 000 km2. Il se situe entre 10°30 de latitude Nord en Guinée et 17°30 de latitude Nord en Mauritanie. En longitude, le bassin va de 7°30 Ouest à 16°30 Ouest.
Ce bassin versant qui s’étend des zones tropicales humides (1 500 mm/an dans la partie guinéenne) aux zones tropicales sèches (200-250 mm/an dans la partie septentrionale du bassin) traverse des milieux biophysiques diversifiés du haut bassin situé dans les montagnes du Fouta Djallon (encore appelées château d’eau de l’Afrique) au delta, en passant à travers des zones subdésertiques. Dans ce bassin versant vivent environ 3,5 millions de personnes qui tirent l’essentiel de leurs revenus des ressources du milieu. Il intéresse quatre pays, la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
Le bassin du Sénégal comprend trois régions principales : le Haut-Bassin, la Vallée et le Delta. Ces régions se différencient fortement par leurs conditions topographiques et climatologiques.
LE HAUT-BASSIN
Le Haut-Bassin, qui va des sources du fleuve (massif du Fouta-Djalon) jusqu’à la confluence entre le fleuve Sénégal et la Falémé (en aval de Kayes et en amont de Bakel), fournit la quasi-totalité des apports en eau car il est relativement humide, les précipitations annuelles étant de 700 à 2000mm.
La saison des pluies se situe entre avril et octobre dans la partie montagneuse de l’extrême sud du Bassin et est à l’origine de la crue annuelle du fleuve qui a lieu entre juillet et octobre. Le fleuve Sénégal est formé par la confluence à Bafoulabé (République du Mali) du Bafing et du Bakoye, deux rivières qui prennent leur source dans le massif du Fouta Djalon, en Guinée. Sa composante principale, le Bafing, est longue de 800 km et prend sa source dans le plateau central du massif du Fouta Djallon, près de la ville de Mamou (Guinée). Il traverse le massif guinéen du Fouta en direction du nord. Après avoir franchi plusieurs séries de rapides, il traverse le plateau Mandingue qui s’étend à l’Ouest de Bamako au Mali.
Sur son parcours guinéen, il reçoit les apports de la Téné, de la Kioma et d’un nombre important d’autres petits affluents. Le Bafing, qui assure la moitié des apports du fleuve est considéré comme sa branche mère. Le barrage de Manantali sur le Bafing constitue un ouvrage de régulation des apports amont de ce cours d’eau. A Bafoulabé, le Bafing totalise un bassin 2 versant de 38 400 km .
À Bafoulabé, en aval de Manantali, le Bafing fait sa confluence avec le Bakoye. Le bassin versant du Bakoye a une superficie de 85 600 km . Sa source est dans les monts granitiques Ménien (République de Guinée) à 760 m d’altitude. Depuis sa source, son parcours vers le Nord se compose de chutes et de rapides avant de devenir méandrique et plat dans la région du plateau Mandingue. Avant de rejoindre le Bafing, le Bakoye reçoit en rive droite le Baoulé qui est son principal affluent. Le Baloué prend sa source à 750 m d’altitude, dans la région sud-est de Bamako. Depuis sa source, son parcours vers le Nord traverse des reliefs dolériques avant de devenir méandrique et à faible pente sur le plateau Mandingue.
Le Fleuve Sénégal ainsi formé par la confluence du Bafing et du Bakoye, reçoit la Kolimbiné puis le Karokoro en rive droite et la Falémé en rive gauche, à 50 km en amont de Bakel. La Kolimbine prend, sous le nom de Ouadou, sa source dans la région sud-est de Nioro du Sahel au Mali à une altitude de 300 m environ. Après avoir franchi cette région très plate et ensablée, la Kolimbiné traverse une suite de dépressions marécageuses avant de se jeter dans le fleuve Sénégal à l’amont de Kayes. Le Karakoro prend sa source dans la région située au nord-est de Kiffa et se jette dans le fleuve Sénégal an aval de Ambidedi. Sa pente est faible et il traverse également des dépressions marécageuses.
La Falémé, d’un bassin versant de 28 900 km2 et d’une longueur de 650 km, prend sa source dans la partie nord du Fouta-Djallon dans une région de plateaux à une altitude de 800 mètres. Elle se jette dans le fleuve Sénégal à 50 km en amont de la ville de Bakel. C’est le principal et dernier affluent significatif du Sénégal. Il forme par endroits la frontière entre le Mali et le Sénégal. A Bakel, le volume annuel moyen des écoulements du fleuve Sénégal est de 21 milliards de mètres cubes (période de référence 1904-1999).
LA VALLÉE
La Vallée est une plaine alluviale encadrée par des régions semi-désertiques. D’une longueur de 785 km, ce tronçon a une largeur qui varie de 10 km à 25 km entre Bakel et Dagana. La largeur du lit mineur varie tout le long de la vallée, entre 250 m et 750 m en amont de Matam, entre 150 m et 200 m dans la région de Podor et 700 m au niveau de Dagana. La pente du fleuve est alors faible, ce qui implique de nombreux méandres. La vallée du Fleuve à l’aval de Bakel est organisée en affluents, défluents et cuvettes d’inondation. Les fonds du lit principal sont coupés par une quarantaine de seuils rocheux ou sableux gênant la navigation en eaux basses.
Les affluents majeurs sont rares et l’on trouve essentiellement des rivières drainant de petits bassins versants, dont les apports sont négligeables en termes de volumes annuels. Parmi les affluents notables en aval de Bakel, on peut noter l’Oued Ghorfa, le Niorde et le Gorgol (partie mauritanienne de la rive droite). Ces cours d’eau jouent en fait un rôle d’affluents (avec des apports relativement réduits) pendant la saison des pluies et un rôle de défluents sur la majeure partie de l’année (saison sèche).
En rive droite, les principaux affluents sont l’Oued-el-Garfa et le Gorgol. L’Oued-el-Garfa a une longueur de 193 km environ. Il prend sa source dans le massif de l’Assaba à une altitude de 318 m. Après le passage des falaises bordant le massif de l’Assaba, son lit a une pente très faible jusqu’à sa confluence avec le fleuve Sénégal en aval de Ouaounde. Le Gorgol est formé de la jonction du Gorgol Noir, 194 km de long, avec le Gorgol Blanc, 345 km de long. La pente de son lit est importante au niveau des franchissements des falaises de l’Assaba puis beaucoup plus faible jusqu’à sa confluence avec le fleuve Sénégal à Kaédi.
Les défluents sont le plus souvent temporaires et se mettent en eau lors de la montée des crues. A l’occasion des fortes crues, ils créent un écoulement parallèle au fleuve Sénégal. A l’occasion des crues plus faibles, ils ont un écoulement alternativement dans deux directions : du fleuve vers les zones d’inondation lors de la montée de crue, des zones d’inondation vers le fleuve lors de la décrue. Ces défluents sont pour l’essentiel d’anciens bras ou axes d’écoulement du fleuve qui se sont retrouvés isolés par des dépôts de sédiments. Dans la région de Matam, deux systèmes de défluents jouent un rôle hydraulique en période de crue: le Diouloul d’une longueur de 80 km, et le Diamel de 60 km de long.
Peu en aval de Kaédi et en rive gauche, le fleuve Sénégal présente un bras secondaire important appelé le Doué. D’une longueur de 200 km pour une largeur moyenne de 100 m, ce défluent permanent du fleuve Sénégal coule parallèlement au fleuve, isolant ainsi une longue bande de terre appelée l’île à Morphil. Dans cette zone, les divers dépôts occasionnés par le ralentissement de l’écoulement, donnent naissance à plusieurs microreliefs (berges, bourrelets,…) qui jouent un rôle primordial dans la submersion du lit majeur par la crue annuelle. Il rejoint le cours principal quelques kilomètres en aval de Podor.
Les cuvettes appelées localement oualos sont formées progressivement par les dépôts sédimentaires qui se constituent le long des berges des défluents lors du retrait des eaux et délimitent progressivement des zones de dépression qui deviennent des cuvettes d’inondation, généralement reliées au cours d’eau par un chenal d’alimentation et de vidange. Elles sont remplies chaque année par la crue du fleuve entre août et octobre.
LE DELTA
À partir de Dagana, le fleuve Sénégal chemine dans sa partie terminale, le Delta. Celui-ci est formé par de multiples bras, mais il n’y a qu’une seule embouchure située en aval de Saint-Louis, large de 400 à 500 m. Les eaux du fleuve Sénégal longent alors le cordon littoral de la « langue de Barbarie » avant de se jeter dans l’Océan Atlantique après un parcours sinueux long de 1 800 km. L’influence de la marée s’y fait sentir de façon assez sensible
Cette vaste zone est complètement plate (Rosso et Saint-Louis sont respectivement à -0,23 et -0,53 mètres IGN). Le Delta est caractérisé par la présence de deux grandes dépressions : le lac Rkiz sur la rive droite, le lac de Guiers et la vallée du Ferlo sur la rive gauche. Ces deux lacs possèdent une capacité de stockage suffisamment importante pour jouer un rôle de régulation des crues du fleuve Sénégal. Le Delta du fleuve Sénégal est composé de marigots et de cuvettes alimentés par plusieurs défluents (Gorom, Djeuss, Lampsar…). Les eaux estuariennes sont refoulées dans les marigots de vidanges lors de la montée de la crue et stagnent dans les parties basses des cuvettes. Ainsi, ces zones de dépression ont également un rôle tampon dans la propagation des crues.
Cette partie aval du fleuve se caractérise par une forte influence de la marée et des phénomènes de salinité du fait d’une pente d’écoulement très faible et de la présence d’eau salée ou saumâtre. Avant la construction du barrage de Diama, la zone du Delta subissait la remontée des eaux marines en saison sèche. La « langue salée » pouvait aller à près de 200 km en amont de Rosso. Après sa construction, le barrage de Diama, à cheval sur la frontière entre Mauritanie et Sénégal, empêche l’accès de l’eau salée dans le pays intérieur.